À bord, la place est comptée et l'on ne peut emporter beaucoup de vivres. En outre, les conserves n'existent pas encore et la nourriture se perd vite, l'eau douce, elle, croupit dans les barriques. Lorsque l'eau manque, les hommes sont obligés de boire de l'eau de mer ou encore leur urine. Avec pour résultat de gros problèmes de santé et la mort à plus ou moins long terme.
S'ils ne sont pas dévorés par les rats, les biscuits se gardent plusieurs semaines, mais ils sont durs comme du bois et trop souvent bourrés de vers. Des volailles emportées vivantes procurent des œufs frais.
Pour combler leur faim, les hommes se nourrissent de leur pêche. Pourtant, victimes de la famine, on raconte que des équipages furent réduits à manger des lamelles de cuir pour ne pas mourir! En plus, la nourriture est tellement dégueulasse que les pirates préfèrent manger à la noirceur. Quand à la viande, du porc salé quand il y en a, elle est pourrie.
Sur les navires flibustiers les vivres sont distribuées à des tables autour de laquelle se regroupent 7 ou 8 hommes. Soit un «corbillon» de biscuits et un «vaisseau» contenant «deux coups à boire pour chacun». Quand au pain, on le divise en parts absolument égales sous le regard attentif de chacun.
Notons aussi que le cuisinier est souvent un matelots qui après une blessure au combat ne peut plus servir à grand chose d'autre sur le navire. On le nomme cuisinier mais rien ne garantit qu'il ait la moindre compétence en matière de chaudrons.
Pour les pirates, les escales sont la promesse de nourriture et de boisson en abondance et de réjouissances méritées pour lesquelles ils n'hésitent pas à dépenser tout l'argent qu'ils viennent de recevoir. Pour un moment, ils oublient les risques encourus, leurs blessures et la rude vie de marin. Une pause à terre est aussi généralement l'occasion de remettre le bateau en état avant une nouvelle expédition.
Lorsqu'ils descendent à terre ou s'emparent d'un navire marchand bien approvisionné, les flibustiers sont particulièrement gourmands pour un plat appelé Salmigondis, un plat très costaud composé d'ingrédients étonnants: viande de tortue, poisson, porc, poulet, bœuf salé, jambon, canard et pigeon. Les viandes sont rôties et coupées en morceaux : on les fait mariner dans un vin épicé auquel on ajoute du chou, des anchois, du hareng salé, des mangues, des œufs durs, des cœurs de palmiers, des oignons, des olives, des raisins, et tout condiment disponible. On assaisonne ensuite d'ail, de sel, de poivre, de moutarde, d'huile, de vinaigre, et l'on sert avec de la bière et du rhum !
Le rhum est la boisson favorite des marins dans les Antilles, ça tout le monde le sait. Cependant, ils lui trouvaient aussi d'autres usages... pour améliorer le goût et tuer les germes de l'eau à boire, le plus souvent croupissante au fond de barils sales. D'où l'invention du grog. Les vaisseaux de bois sont sombres et humides. Si on y ajoute la chaleur torride des mers tropicales ce n'est pas long qu'une véritable puanteur y règne. Pour lutter contre la vermine et les odeurs, le pont est lavé avec un mélange de vinaigre et d'eau de mer que les pirates remplacent avantageusement, quand ils en disposent en abondance, par du cognac français. Une cargaison de rhum fait aussi bien l'affaire. L'intérieur est désinfecté au souffre et au goudron. On comprend les pirates de préférer l'odeur du rhum!
Dans la cabine du Capitaine:
"Nous étions douze à sa table, parfaitement bien servie et avec beaucoup de propreté. Dès le premier jour, il nous marqua nos places et nous pria de ne point les changer, afin que les domestiques nous rendissent toujours les mêmes serviettes, que l'on changeait deux fois la semaine pour déjeuner, on servait ordinairement un jambon ou un pâté avec un ragoût ou une fricassée, du beurre et du fromage, et surtout du très bon vin, et du pain frais, matin et soir.
L'on dînait après que les pilotes avaient pris hauteur, c'est-à-dire qu'ils avaient observé la hauteur du soleil à midi (pour faire le point sur leurs cartes marines). Le dîner était composé d'un grand potage avec le bouilli, qui était toujours une volaille, une poitrine de boeuf d'Irlande, du petit salé, et du mouton ou du veau frais, accompagné d'une fricassée de poulets, ou autre chose. On levait ces trois plats, et on mettait à leur place un plat rôti, deux ragoûts et deux salades; pour le dessert nous avions le fromage, quelques compotes, des fruits crus, des marrons et des confitures. Le souper était à peu près comme le dîner; une grande soupe avec une poule dessus, deux plats de rôti, deux ragoûts, deux salades et le dessert; et comme nous étions bien pourvus de liqueurs, on ne les épargnait pas. Le capitaine en avait deux caisses de vingt-quatre bouteilles chacune"
ref:http://cocostresors.ifrance.com/lespirates.htm et
http://helmous.club.fr/Dossiers/Pirates/Nourriture.htm